Yves le Quellec, acteur de longue date des mouvements environnementalistes, a conclu avec une conférence sur le « gouvernement de l’eau dans le Marais poitevin » le cycle 2019 de l’Université maraîchine, organisé par la Coordination pour la défense du Marais Poitevin en partenariat avec l’Association Généalogique et Historique de Benet.
Plus de 60 personnes étaient réunies au Transfo de Benet, pour se plonger dans un parcours historique révélateur. Comme lors des précédentes séances, certains clichés ont d’abord été bouleversés, pour mieux aborder les dimensions politiques et économiques qui ont guidé la fabrication de notre territoire.
Yves le Quellec a particulièrement insisté sur l’action des abbayes au Moyen Age au service de grands seigneurs féodaux, puis sur les travaux menés par les investisseurs qui ont entrepris les desséchements des XVIIe et XVIIIe siècles, en reprenant une technicité vernaculaire en aucun cas héritée des « hollandais ».
En contrepoint, c’est aussi le rôle de l’État qui a été pointé, un État qui n’a pas agi de la même manière selon les époques, comme l’a souligné à son tour l’historien Raphaël Morera (publications sur cairn.info), présent dans le public.
En remontant aux dernières décennies, la conférence a éclairé un point souvent méconnu : il s’agit du rôle joué par les syndicats d’aménagement hydrauliques, créés dans les années 1980 à la fois en Vendée et en Charente-Maritime, qui agissent comme une force de transformation lourde, encore animés par un projet de modernisation continue, à la fois hydraulique et agricole. Ce sont les nouveaux « acteurs forts » de ce territoire selon Yves le Quellec. Celui-ci oppose à cette vision d’autres enjeux, comme celui d’une gouvernance plus équilibrée, face à l’épuisement souvent constaté des syndicats de marais, qui ne reflètent pas la diversité de la population du Marais poitevin.
Face au changement climatique, il a rappelé le rôle clef que jouent des milieux naturels en bon état, ouvrant le débat avec cette question : « la part du sauvage, pourquoi pas ? ».
Parmi l’assistance, beaucoup ont réagi en soulignant que si certains mythes avaient été malmenés, il restait encore beaucoup à inventer quant au « gouvernement » du marais. La création récente par l’État d’un Établissement public spécialement dédié à la gestion de l’eau et de la biodiversité du Marais Poitevin (EPMP) se veut une réponse au problème lancinant du manque de coordination, en réunissant autour d’une même table les principaux acteurs du territoire.
« De nouvelles échelles apparaissent aussi, comme le pôle métropolitain », a rappelé un membre du conseil de développement du Sud-Vendée. Un participant s’interroge sur le rôle du Parc naturel régional ? Pour Yves le Quellec, c’est un outil adapté pour des territoires fragilisés économiquement, où le consensus est possible. Mais dans notre marais, où le conflit demeure structurant, « le parc fait partie des » acteurs faibles » ». L’analyse ne semble pas unanimement partagée dans le public.
Voilà un des débats à prolonger, conclut Estelle Rodon, présidente de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin en souhaitant que les prochaines éditions de l’Université maraîchine s’inscrivent dans le temps long.
+ d’infos :
L’assèchement des marais en France au XVIIe siècle / Raphaël Morera
Bibliothèque Gabriel Delaunay « Transfo »
Article paru le 25/02 dans NR.fr : https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/conference-sur-le-gouvernement-de-l-eau-dans-le-marais-poitevin
Voir en ligne : Article paru le 02/03 dans Ouest-France.fr