« Bassines de l’Autize » : le conseil général de la Vendée appelle à contourner le Plan Roussel
Lors de sa récente session, le conseil général de la Vendée a voté une motion invitant le conseil régional à participer financièrement à la création de dix réserves d’eau pour l’irrigation agricole dans le bassin de l’Autize. Ce vote aurait été acquis à l’unanimité des représentants de la majorité et de l’opposition au motif que ces réserves d’eau étaient prévues par le « Plan Roussel ».
Ce plan retient en effet la solution des retenues de substitution comme l’un des moyens de résoudre la situation de surexploitation des nappes souterraines dont chacun reconnaît aujourd’hui les effets très négatifs. Toutefois, les conseillers généraux auraient dû y regarder à deux fois avant de justifier ainsi leur vote. Car le projet de création de ces dix réserves de l’Autize, tel qu’il ressort du dossier mis à l’enquête publique, ne fait lui-même que très indirectement référence au Plan d’action pour le Marais Poitevin (communément appelé « Plan Roussel » du nom de l’ingénieur général chargé en 2001 d’une mission interministérielle sur le Marais Poitevin) ; et les caractéristiques de ce projet s’écartent très nettement de ce qui était initialement recommandé par ce plan entièrement gagé sur des crédits publics.
Le « Plan Marais poitevin » est un tout que l’on ne peut pas découper par tranches, comme le fait le conseil général pour n’en retenir que ce qui lui convient. Il est donc utile de revenir sur les préalables et les conditions qu’énumère ce plan en ce qui concerne la création de réserves d’eau. Leur importance saute aux yeux, comme le fait que ces conditions ont été passées à la trappe : qu’en est-il en effet, dans le département, de l’optimisation de la gestion de l’irrigation, pour en limiter les prélèvements ? Qu’en est-il de l’étude hydraulique globale et mise à jour qui devait démontrer l’efficacité de ce dispositif au regard des enjeux hydrauliques du marais ? Qu’en est-il des économies d’eau à réaliser préalablement, par réduction des surfaces irriguées et réduction des prélèvements ? Qu’en est-il de la modification des assolements pour réduire les surfaces dévolues au maïs ?
Tous ces points figurent bel et bien, parmi d’autres, dans le Plan Roussel salué à l’époque par le conseil général. Tous sont aujourd’hui parfaitement ignorés par le projet. On se rappellera aussi que P. Roussel a reconnu que ses propositions avaient été élaborées en raisonnant « à Politique agricole commune constante », et qu’elles auraient mérité un réexamen à la lumière des décisions de réforme prises en 2003.
Que le conseil général ne souhaite pas la mise en discussion de ces questions est une chose ; qu’il choisisse de financer très libéralement un projet qui s’écarte si nettement des engagements pris en est une autre. Qu’il entende peser sur ses partenaires co-engagés dans la réalisation du Plan Roussel, pour les entraîner dans une spirale aussi déraisonnable sans écouter aucun autre point de vue, ne peut qu’interroger sur sa conception du bien public.
L’eau, comme les fonds publics, représente une ressource rare et précieuse, dont la gestion implique le respect de règles privilégiant l’intérêt général. Pour sa part, la Coordination pour la défense du Marais poitevin appelle les responsables à orienter les crédits publics dont ils ont la charge vers des actions conformes à l’intérêt général, au lieu de voler au secours de projets relevant d’une fuite en avant insensée.