A83 : à propos d’une autoroute longtemps enlisée dans les parages du Marais poitevin
L’inauguration de la section Oulmes-Niort/A10 de l’autoroute A83 vient clore un long feuilleton commencé en 1987. Au delà des nombreuses péripéties qui ont émaillé l’histoire du projet depuis cette date, chacun retiendra sans doute qu’avec la mise en service de ces 34 kilomètres, l ’« autoroute des estuaires » est désormais ouverte entre Nantes et Niort.
En cette occasion , quelques points méritent cependant de retenir plus précisément l’attention
- L’ « autoroute des estuaires », devant relier Calais à Bayonne, a pour vocation d’accueillir un important trafic de fret transitant entre le Nord et le Sud de l’Europe.
Mais la réalisation de cette infrastructure a connu et connaît encore de multiples embûches, en raison de la sensibilité environnementale des territoires traversés.
Le temps n’est plus où l’on pouvait décider par exemple, au vu d’un simple trait de crayon sur une carte, de la traversée d’une grande zone humide comme le Marais poitevin.
La préservation des milieux rares et fragiles, tout comme celle des espèces végétales et faunistiques qu’ils abritent s’impose comme un impératif incontournable et la protection de l’environnement ne peut être réduite au seul aspect paysager si souvent mis en avant par les aménageurs. - Plus globalement, la politique des transports, favorisant la route avec excès, est fortement mise en cause en raison des coûts induits qu’elle génère et des pollutions dont elle est incontestablement responsable.
Il est donc nécessaire de rechercher et de développer des alternatives (avec notamment, pour ce qui concerne les liaisons trans-européennes, le rail, le cabotage maritime…).
A l’occasion de cette inauguration, n’est-il pas opportun de réfléchir à ces questions, et de chercher à éviter la réédition des errements du passé ?
- A défaut, le projet d’autoroute A831, censé traverser les deux grandes zones humides que sont le Marais poitevin et le Marais de Rochefort, risque bien de connaître à son tour un enlisement dont les premiers signes, d’ailleurs, se font déjà sentir…
- Son utilité demande d’ailleurs à être tout simplement prouvée : l’ensemble des camions de grand transit traversant ce secteur peuvent désormais emprunter l’A83 et l’A10, en soulageant du même coup les routes nationales et départementales et en rendant un peu de tranquillité aux riverains qui n’en peuvent plus, comme à Marans.
- Avant toute chose, sans renoncer à la recherche des alternatives de toute façon nécessaires, et plutôt que de promouvoir obstinément un projet dont chacun sait que le financement pose problème, les pouvoirs publics doivent aujourd’hui tout mettre en œuvre pour que circule sur l’autoroute existante le flot de camions qui est actuellement source de nuisances et de dangers pour les riverains, pour les autres usagers de la route, et pour les zones sensibles sur le plan de l’environnement.