Il y a quelques jours, le responsable de ‘Nature Environnement 17’, association membre de Poitou-Charentes Nature et de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin, a été la cible d’une campagne d’affichage sauvage, anonyme et haineuse. Nous l’assurons de notre solidarité et de notre soutien le plus total. De tels actes sont détestables, et nous ne doutons pas que les autorités administratives et politiques les condamneront unanimement.
Nul doute que les auteurs de ce forfait, profitant d’un contexte électoral médiatiquement favorable, tentent, par la menace, de faire fléchir l’opposition de cette association au programme de retenues de substitution qui est en place sur la rive charentaise de la rivière ‘Mignon’. Nul doute aussi que les responsables agricoles, la main sur le cœur, condamneront cet acte lâche. Cependant, il nous faut bien rappeler que ce type de comportement n’est pas nouveau : quel est le responsable associatif militant dans le domaine de la gestion de l’eau ou de la biodiversité, qui n’a pas été menacé, ou même physiquement agressé un jour ou l’autre ?
Cette fois, le contexte est particulier : dans la droite ligne du fameux rapport dit ‘Roussel’, le Marais Poitevin se voit ceinturer par de vastes projets de stockage d’eau pour l’irrigation : 30 millions de m3 de retenues de substitution sur son grand bassin versant, dont certaines sont déjà construites. Le bassin du Mignon est directement concerné par ce scénario.
La totalité du programme représenterait un coût estimé de 180 millions d’euros. Les ¾ de ce montant serait d’origine publique via l’Agence de l’Eau pour l’essentiel ; mais ils proviendraient aussi directement de l’Etat, au détriment d’autres actions sur le Marais ; et enfin de collectivités territoriales, du moins lorsque celles-ci sont favorables au maintien de cette agriculture intensive et polluante.
Une stratégie hypocritement délibérée
Mais les finances publiques se font de plus en plus rares. Il y a donc urgence pour les porteurs de ces projets d’emporter les décisions au plus tôt. D’où un activisme prononcé :
• D’un côté, les promoteurs de ces retenues ont négocié avec le Gouvernement en place le « détricotage » de leur encadrement technique et juridique, et l’annulation de dispositions qui ouvraient jusqu’ici aux associations certaines possibilités de contrôle ;
• De l’autre, ils pèsent sur les discussions locales au nom de l’ordre public que menaceraient certains ‘éléments incontrôlés’, que leur impatience ou leur nervosité pourraient conduire à enfreindre les règles de la légalité la plus élémentaire…
Nous appelons les services de l’État :
• non seulement à condamner d es pratiques illégales récurrentes, mais aussi à les sanctionner de la façon la plus claire et la plus exemplaire ;
• à ne pas céder au chantage à l’ordre public lors des discussions en cours sur la gestion des volumes de prélèvements affectés à l’irrigation.