Fin de partie dans le Marais Poitevin.
L’État est face à ses responsabilités et doit fait prévaloir l’intérêt général.
Le Gouvernement vient d’officialiser l’échec de la démarche engagée en 2002 pour « labelliser » le Marais Poitevin en Parc naturel régional. Cette issue est hélas tout sauf surprenante : il y a un an presque jour pour jour, le 11 juin 2009, la Coordination pour la défense du Marais Poitevin alertait l’opinion lors d’une conférence de presse, en indiquant les raisons pour lesquelles « le Marais poitevin ne sera pas un PNR » : une charte qui ne recueille pas un véritable consensus des acteurs locaux ; un périmètre décousu par les délibérations de rejet de plusieurs communes, et aussi de deux intercommunalités ; un Conseil général de la Vendée qui soutient les producteurs intensifs et met en œuvre une politique environnementale antinomique de celle des PNR (1).
Cet échec est aussi celui du Plan gouvernemental d’action pour le Marais Poitevin, et il ne saurait être compensé par l’octroi du label Grand Site de France. Outre le fait que celui-ci ne concerne qu’une petite partie du territoire, il n’accorde aucune des compétences que la loi reconnaît aux PNR, il ne comporte aucun des leviers que leur donne une charte approuvée (2).
C’est pourquoi nous en appelions alors à l’État, en lui demandant de reprendre la main sur la situation de plus en plus inextricable dans laquelle est plongé le Marais Poitevin, otage de querelles politiciennes fort éloignées de problèmes à résoudre.
En octobre 2009, lorsque le gouvernement a introduit par voie d’amendement au projet de loi ‘Grenelle 2’ un article additionnel visant à la création d’un ‘établissement public administratif de l’Etat pour la gestion de l’eau et de la biodiversité du Marais Poitevin’, la Coordination s’est félicitée de cette proposition novatrice ; tout en soulevant, au-delà du concert de louanges issues de tous bords, des questions dont l’acuité ne peut être démentie (3) :
– Comment s’établiront les rapports de force au sein du conseil d’administration de l’établissement public, lequel devra prendre des décisions courageuses ? Quelle sera la place faite aux associations de protection de la nature et de l’environnement ?
– Mêmes questions pour les deux commissions (commission consultative de gestion des niveaux d’eau, commission spéciale irrigation) qui seront des pivots essentiels du fonctionnement de l’établissement ?
– Quelle articulation avec les structures pré-existantes : Institution interdépartementale du Bassin de la Sèvre Niortaise, Syndicat mixte du Parc interrégional du Marais Poitevin, etc. ?
Ajoutons que le Syndicat mixte du Parc interrégional abrite des équipes techniques de haute qualité. Leur expérience et leur dévouement sont indiscutables. Il serait scandaleux que celles-ci fassent les frais de l’opération. Le territoire a besoin de toutes les compétences accumulées.
À l’heure où les décrets d’application répondant à ces questions sont à la rédaction, nous ne pouvons qu’en appeler au sens de l’intérêt général des services de l’Etat pour que la gouvernance de cet établissement public soit équilibrée. Car on ne sortira pas d’une situation de crise qui n’a que trop duré en confortant le pouvoir de quelques élus se faisant le relais des intérêts catégoriels d’une agriculture intensive obnubilée par la création de « bassines », et grignotant subrepticement le marais en poursuivant drainages ou retournements de prairies.