Irrigation intensive : des projets de décrets scélérats

(Communiqué du collectif Carg’Eau 79)

Conformément aux consignes de l’actuel Président de la République après sa visite de l’été dernier en Charente, deux projets de décrets sont sur le point d’être signés, pour répondre au diktat de la fraction la plus productiviste de la profession agricole, minoritaire mais influente.

Ces décrets auraient pour but d’assouplir de manière exorbitante les moyens de contrôle des services de l’État lors de l’instruction des projets de retenues de substitution, mais aussi d’annihiler les possibilités actuelles d’intervention de la société civile.

Le premier de ces textes porterait à 350 000 m3 le volume déclenchant une enquête publique. Ainsi, plus rien n’empêcherait les grands programmes de plusieurs millions de m3 de se mettre en place sans réel contrôle : il suffirait de les partitionner en plusieurs ouvrages dimensionnés de manière à se situer juste en dessous du nouveau seuil. 350 000 m3, ce n’est n’est pas rien : imaginez un plan d’eau de 7 ha, pour une profondeur de 5 m.

Le second de ces textes supprimerait le délai de recours après la mise en service. Les dégradations causées au milieu par l’installation de retenues, ou par les prélèvements induits, seraient alors constatées en pure perte, sans possibilité de remettre en cause l’autorisation accordée.

Lors du dernier Comité National de l’Eau (le 11 avril 2012), des élus ont vivement critiqué ces projets, à visée uniquement électoraliste. En revanche, les propos ne se sont pas traduits dans les votes, puisque ces textes ont été approuvés… à la faveur de l’abstention de quelques-uns.

Nous en appelons aux futur-e-s candidat-e-s à la députation :

- pour qu’ils se déterminent publiquement face à cette course effrénée aux stockages d’eau prônés sans que les alternatives les plus adaptées aux grands défis de la gestion de l’eau et de la politique agricole aient été envisagées sérieusement ;

- pour qu’ils s’engagent à demander l’abrogation de décrets rédigés sous la dictée d’un groupe de pression au service de seuls intérêts particuliers, et prenant en otage les difficultés réelles de la profession agricole toute entière.

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