L’argent par les fenêtres ou Quand les retenues assèchent les fonds publics.
La Coordination pour la Défense du Marais Poitevin prend acte du lancement de la première tranche des travaux du programme de retenues de substitution du bassin de l’Autize, tout en critiquant vivement les conditions dans lesquelles les fonds publics sont mobilisés au profit d’intérêts catégoriels et au détriment de l’intérêt général.
Cette première tranche de travaux consiste en la réalisation de 4 retenues, pour un volume stocké d’1 685 000 m3 et un coût total de 7 millions d’euros HT. La totalité du financement est apportée par des fonds publics, selon une répartition assez différente de ce qui avait été communiqué au départ, et notamment à l’occasion de l’enquête publique.
En effet, il apparaît que c’est l’Agence de l’Eau qui apporte la plus grosse part (32,5%), rendant ainsi réalisable une opération qui ne profite qu’à une poignée d’irrigants. Une telle générosité est pour le moins paradoxale : cette même Agence, qui reçoit de la profession agricole moins de 4% de son budget, annonce des difficultés de financement qui risquent d’affecter les collectivités dans leurs efforts de mise aux normes des assainissements individuels et collectifs.
De même, le Syndicat mixte du bassin de la Vendée et des Autizes, maître d’ouvrage, peine à financer et organiser l’entretien du réseau de fossés du Marais, alors que chacun s’accorde sur le fait que la première réserve d’eau est bien là. Or, ce syndicat mixte, dont le principal contributeur est le Conseil Général, a relevé sa participation jusqu’à atteindre 22,5%.
Les pouvoirs publics ont par ailleurs fait le choix de mobiliser les fonds européens à la hauteur de 30% de l’investissement. Un choix tout aussi choquant, quand il est répondu dans le même temps aux éleveurs désireux de s’engager dans des « contrats d’agriculture durable » (CAD) que les crédits manquent pour financer les dispositifs les plus favorables à l’environnement de ces mêmes contrats.
Enfin, les 15% restant sont apportés par le Conseil Régional.
Les choix opérés par les financeurs, dans un contexte où la rareté des fonds publics les conduit à différer ou à minimiser des programmes dont l’intérêt général est manifeste, manquent singulièrement de justification. Et face à cette débauche d’argent public au service d’intérêts catégoriels, les 0,03 euros du m3 que les irrigants s’engagent à payer ne font qu’accroître le sentiment d’inéquité dans la conduite des affaires publiques.