Les SAGE du Marais Poitevin : un déni de démocratie inacceptable !
On pouvait s’attendre à des difficultés lors du vote des Commissions Locales de l’Eau (CLE) sur les trois projets de SAGE (Schéma d’aménagement et de gestion des eaux) couvrant le bassin versant du Marais Poitevin. Le contexte est en effet fortement marqué par de sévères conflits d’usage, autant que par des positions politiques antagonistes des « patrons » des collectivités locales.
Les représentants majoritaires de la profession agricole ne pouvaient manquer de saisir l’occasion de ces votes pour agir à leur façon habituelle : le coup de force, destiné à empêcher la réunion d’une commission souvent qualifiée de « parlement » local de l’eau : les représentants légitimes des intérêts en jeu y siègent en effet au sein de plusieurs collèges.
Le 5 février dernier, un groupe représentant les intérêts des céréaliers irrigants de la plaine sud-vendéenne et des céréaliers draineurs du marais poitevin desséché a donc empêché par la force que se tienne la réunion de la Commission locale de l’eau, alors que celle-ci devait se prononcer sur le projet de SAGE de la rivière Vendée. Ce déni de démocratie est d’autant plus inacceptable qu’il a bénéficié de la caution des élus vendéens de la majorité départementale.
Le but est clair : bloquer par tous les moyens possibles tout progrès dans la gestion équitable de l’eau, empêchant ainsi la restauration du bon fonctionnement des milieux aquatiques et du Marais Poitevin ; en rester à un statu quo devenu intolérable à la plupart de nos concitoyens ; le tout au risque de pénaliser la collectivité en se mettant hors la loi nationale et européenne.
À l’inverse de ce qui s’est passé à Fontenay-le-Comte, la Commission de locale de l’eau du bassin du Lay (appartenant lui aussi au grand bassin versant du Marais Poitevin) a délibéré le lendemain à Mareuil/Lay en toute sérénité. Il est vrai que le volet quantitatif de ce projet de SAGE a pratiquement été rédigé sous la dictée des irriguants. Ceux-ci se satisfont évidemment de voir ce document faire la promotion systématique de leurs « bassines ». Ils ont en plus obtenu que les seuils de déclenchement des arrêtés de limitation des usages de l’eau soient fixés à un niveau si bas qu’ils n’auront pratiquement rien à changer à leurs pratiques.
Face à cette situation, qui voit une minorité d’intérêt imposer ses volontés aux dépens de la recherche de l’intérêt général, nous en appelons solennellement aux autorités de l’Etat pour qu’une nouvelle réunion de la Commission locale de l’eau du bassin de la Vendée se tienne sans délai, et que soit garanti le bon fonctionnement démocratique de cette instance de délibération.
Nous demandons également à l’Etat de garantir la poursuite du processus qu’il a lui-même fixé, en réunissant au plus vite la Commission de coordination des trois SAGE, chargée d’en apprécier la cohérence.