Une situation persistante de sécheresse hivernale
Une pluviométrie déficitaire sévit depuis cet été sur le bassin versant du Marais Poitevin et au-delà. En conséquence, les rivières et les nappes aquifères sont au plus bas. Les milieux souffrent. Les débits élevés font défaut, alors qu’ils sont nécessaires aux rivières et au marais pour se régénérer en hiver. Les nappes ont besoin des pluies hivernales pour se reconstituer pendant que la végétation est en sommeil. Les producteurs d’eau potable sont inquiets : les barrages ont du mal à se remplir. Les pluies récentes ne suffisent pas pour sortir de cette situation de crise.
La nature met ainsi à l’épreuve les modes habituels de gestion, en principe conçus pour faire face à de hautes eaux en hiver et à des sécheresses en été. Fin janvier, l’Établissement public du Marais Poitevin a alerté les irrigants sur le risque d’une moindre disponibilité de la ressource en eau pour l’été à venir, les invitant à intégrer cette donnée dans le choix de leurs emblavements. Mais c’est aux préfets seuls qu’il appartient de prendre les mesures d’encadrement préventif nécessitées par la situation.
Pour remplir les réserves destinées à l’irrigation agricole, il faut pouvoir pomper…
Les prélèvements destinés au remplissage des retenues sont autorisés limitativement du 1er novembre au 31 mars (période habituelle de hautes-eaux) tout en étant conditionnés au respect, pour les pompages dans les nappes, de minimas de niveau censés préserver ces dernières de l’effondrement ; ou pour les prélèvements en rivières, au respect de minimas de débit. Or, au vu des niveaux actuellement observés et en l’absence de perspective d’amélioration significative de la situation, solliciter la ressource en eau risque de conduire à fragiliser encore plus les équilibres hydrobiologiques déjà mis à mal.
Une gestion toujours en quête d’harmonisation interdépartementale
Dès le 29 novembre 2016, le préfet des Deux-Sèvres a interdit tous les prélèvements pour le remplissage artificiel de tous les plans d’eau (ce qui ne concerne pas les retenues affectées à l’alimentation en eau potable, enjeu évidemment prioritaire). Le préfet de la Charente-Maritime a pris une décision similaire le 26 décembre. Des décisions claires, parfaitement justifiées par la gravité de la situation, dont nul ne peut dire malgré les dernières pluies combien de temps elle va perdurer.
Mais rien de tel en Vendée, département dans lequel les réserves sont les plus nombreuses et où les prélèvements hivernaux devraient aussi appeler à la plus grande vigilance. Il aura fallu attendre le 7 février pour que le préfet convoque sur cette question le comité de gestion de l’eau du département… pour finalement décider de temporiser et de réexaminer la situation dans une quinzaine de jours !
Un modèle technique confronté à ses limites
En tout état de cause, cet épisode met aussi en évidence les limites de choix techniques reposant préférentiellement sur le stockage de l’eau « agricole ». Cette solution n’est assurément pas la panacée pour faire face à ces situations encore exceptionnelles, mais que le changement climatique risque de rendre de plus en plus fréquentes ; ce qui devrait amener en priorité à réviser des choix agronomiques peu durables.