Le Marais Poitevin, un espace en crise |
Logique de financement contre
besoins de transports
M. Leyrit (1), préfet de Charente-Maritime, a relancé en juillet 1999 le débat local sur le projet de l’A831 Fontenay-Rochefort, des études complémentaires étant supposées permettre une mise en perspective avec des solutions alternatives et multimodales. Au sein de l'administration et chez les élus, beaucoup veulent obtenir une décision rapide, sans guère dissimuler un parti pris en faveur de la solution autoroutière. Une fois de plus, le choix du mode de financement risque de peser bien plus dans la décision que l'analyse objective des besoins de transports. |
Les contrats de plan réservent en effet une enveloppe réduite aux projets routiers, rééquilibrage multimodal oblige. Les élus, qui regrettent cette diminution des crédits, se raccrochent d'autant plus à l'autoroute, sachant qu'elle serait financée (au moins en partie) hors contrat de plan. L'avis des collectivités territoriales, des responsables politiques et socio-économiques ne pourra donc être que la réitération d’un avis de principe déjà exprimé en 1997, sans réelle objectivation des enjeux et des variantes possibles. Qu'importe si l'on écarte par la même occasion des variantes moins coûteuses et en meilleure adéquation par rapport aux besoins ! Tant pis si le caractère déficitaire du projet de l'A831 est aujourd’hui avéré : le montant des subventions publiques qui en conditionnent la concrétisation a pu être évalué : 1 628 MF, soit 56 % du coût total estimé de réalisation de l’autoroute ! L’évaluation des solutions multimodales n'a été que de pure forme. L’hypothèse d’une amélioration des conditions de transport par un transfert des cargaisons de la route vers la voie maritime est ainsi « expédiée » en deux mots : le résultat serait « peu significatif ». Or, on constate au contraire un fort développement
du transport maritime combiné, avec l'objectif de capter
une part des échanges intra-communautaires dans l’axe
trans-européen Nord-Sud, et de limiter d’autant l’engorgement
routier. On voit donc que si les conclusions de l’étude présentée par l'Équipement se basent sur des présupposés qui ne peuvent que conduire au choix de la solution autoroutière comme seule option pertinente, il est tout à fait légitime de réfléchir en intégrant d’autres éléments, qui n’auraient pas dû être négligés. A l’heure où se multiplient les pics de pollution
de l’air, et alors que les convois de camions ne sont plus
acceptés là où ils multiplient les nuisances et
les facteurs d’accidents, les politiques de transport sont
nécessairement et dès maintenant appelées à
changer en profondeur. Dans l’attente d’une évolution significative de la politique des transports, deux préoccupations majeures doivent localement guider la réflexion :
La modernisation et le développement des liaisons existantes entre Moreilles et La Rochelle par le Pont du Brault reste une hypothèse inacceptable compte tenu de la très grande sensibilité environnementale de ce secteur. Les raisons qui ont conduit en 1994 le gouvernement à abandonner le projet de Grande Liaison d’Aménagement du Territoire Sainte-Hermine-La Rochelle sont renforcées par la procédure d'extension des zones de protection spéciales de ce secteur, en application de la directive « Oiseaux ». En outre, un parti d’aménagement dans cet axe ne pourrait qu’aggraver l’engorgement que connaît l’agglomération rochelaise. Quant aux caractéristiques propres à la R.N. 137, elles ne permettent pas d’envisager une amélioration technique satisfaisante, du type d’un aménagement en 2 x 2 voies. L’histoire nous a cependant appris que des réalisations étaient possibles dans ce milieu si particulier qu’est le marais, mais à la condition d'en respecter la géographie et l’écologie pour garantir l’équilibre entre les divers éléments constitutifs du système-marais. Il est possible, en partant de ce qui existe et en
intégrant les nouvelles obligations nées des lois de
protection de la nature, d'aménager une voie moderne à
partir d’un axe présent, plutôt que de créer une
autoroute parallèle à une ancienne voie qu’il faudra
continuer d’entretenir :
Ces propositions sont raisonnables : moins coûteuses que l'autoroute, y compris pour les fonds publics, elles s’appuient sur ce qui existe et fuient la démesure, tout en offrant des conditions de circulation adaptées et homogènes sur tout le parcours traité.
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(septembre 1999)
_______________
(1) nommé
en mai, et précédemment
directeur
des routes au ministère de l'Equipement, président de la
Caisse nationale des autoroutes, vice-président de
l'établissement
public Autoroutes de France...
tél. +33 (0)6 84 61 65 41
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