Le Marais Poitevin, un espace en crise |
Communiqués de presse de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin
Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, vient d'annoncer qu'elle ne lancera pas la procédure qui devait conduire à réaliser, sous le régime de la concession, le projet d'autoroute A 831.
Un projet obsolète
L'autoroute A 831, c'est un drôle de projet imaginé en 1994 en compensation de deux autres projets de liaison eux-mêmes abandonnés pour des raisons environnementales. Au-delà du mythe autoroutier colporté par les décideurs du 20e siècle, cette autoroute n'est pas nécessaire. En juin 2013, le rapport Mobilité 21 l'a classée dans les projets « à échéance lointaine », en considérant qu'il ne présentait pas de bonnes performances du point de vue écologique.
Un petit pas vers la transition écologique
Le projet autoroutier impactait directement deux grandes zones humides : le Marais Poitevin et le Marais de Rochefort, toutes deux classées en zone Natura 2000. Ce premier acte d'abandon doit être salué car il est cohérent avec la transition écologique qui s'impose à tous.
Pour Yves Le Quellec, Vice-président de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin et secrétaire de FNE Pays de la Loire : « Cet abandon doit permettre de débloquer la question de la déviation courte de Marans, sur la RD137 dont les riverains doivent pouvoir bénéficier d'une quiétude et d'une sécurité troublées actuellement par le flot de camions et véhicules. C'est sur ce dossier-là que l'Etat et les collectivités concernées doivent désormais concentrer leurs efforts. »
Pour Michel Dubromel, responsable Transports et Mobilités Durables de FNE : « la transition écologique se prépare en passant progressivement des grandes infrastructures inutiles à des projets de mobilité durable permettant de prendre en compte les demandes locales de sécurité et de mobilité, respectueuses des milieux naturels ».
La procédure administrative relative à la charte de Parc naturel régional pour le Marais Poitevin sera prochainement achevée. Tous les avis réglementaires requis sont donnés. Il incombe désormais à la ministre de l'Écologie de clore cette procédure.
Pourtant, il ne faut pas oublier les faiblesses du projet de charte du Marais Poitevin. Elles avaient d'abord été notées dans le rapport d'enquête publique des commissaires enquêteurs. Elles ont été ensuite confirmées par le Conseil national de protection de la Nature. Dans ce contexte, l'Etat porterait une responsabilité déterminante en approuvant, telle quelle et sans réclamer simultanément les améliorations demandées par la commission d'enquête et le CNPN, une telle charte de PNR.
Pas de PNR au rabais ni fermé sur lui-même
Ce marais est un écosystème qui mérite l'excellence. Un territoire labellisé PNR doit être un territoire remarquable. Il est donc indispensable que la charte du Marais Poitevin résolve les faiblesses constatées et conforte les qualités de ce territoire.
La charte du Marais Poitevin ne prévoit pas explicitement d'associer les associations de protection de la nature et de l'environnement, alors que celles-ci montrent une proximité d'objectifs avec les PNR. Les associer aux décisions et à la mise en œuvre de la charte est une nécessité et profiterait au marais et à ceux qui y vivent.
Evaluer la mise en œuvre de la charte
La communauté associative souhaite que l'État et les Régions concernées renforcent les conditions dans lesquelles la charte sera mise en œuvre. Il faut une évaluation régulière (3 ans) de celle-ci, en lien avec les évolutions constatées du territoire et sans se limiter au seul point d'étape prévu à mi-parcours, avec modification si besoin des mesures inadaptées. L'établissement d'un tableau de bord actualisé de l'action conjointe de l'Etablissement public du Marais Poitevin et du PNR est donc indispensable pour réussir la gestion de l'eau.
Les demandes associatives majeures :
- La création d'un conseil scientifique composé exclusivement de chercheurs et d'experts scientifiques et naturalistes indépendants, avec un siège au comité syndical pour son président.
- L'engagement des collectivités et du syndicat mixte, pour la prévention et la maîtrise des risques naturels, la maîtrise de l'urbanisme et de la publicité.
- Le renforcement de la charte actuelle pour aborder pleinement les enjeux environnementaux, en particulier la trame verte et bleue avec ses réservoirs de biodiversité et ses corridors à préserver, la restauration des milieux prairiaux, l'équilibre entre grandes cultures et élevage, le projet d'A831, le maintien des gestionnaires associatifs d'aires protégées.
« L'octroi de ce label ne doit pas être considéré comme une fin en soi, déclare Yves le Quellec, de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin. Les autorités de tutelle du Parc (ministère de l'Écologie, Régions) doivent veiller à ce que les attentes du CNPN soient réellement prises en compte. La contribution de nos associations à l'objectif suppose qu'elles soient reconnues par le Parc comme des partenaires à part entière. »
12 mai 2014, communiqué commun de France Nature Environnement, de ses fédérations régionales des Pays de la Loire et du Poitou-Charentes, de la LPO France et de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin.
Reconquête du label : moins une récompense que l'exigence
de se montrer à la hauteur de l'ambition des PNR
Le 20 mars 2014, le CNPN (Conseil National de la Protection de la Nature) a donné un avis favorable au projet de labellisation du Marais Poitevin en Parc naturel régional. La Coordination pour la défense du Marais Poitevin prend acte de cette décision tout en notant que la discussion a été serrée : 17 votes favorables, 11 défavorables et 2 abstentions. Les débats au CNPN montrent que ce projet est loin d'avoir convaincu tout le monde de sa solidité.
Lors de la phase d’enquête publique, les associations de protection de la nature et de l’environnement avaient unanimement regretté la faiblesse du projet de charte. Par rapport à sa version de 2006, le niveau des engagements a été sérieusement affaibli sur des sujets pourtant essentiels pour l'avenir du Marais Poitevin, sous prétexte de la création, intervenue depuis, de l’Etablissement public du Marais poitevin (EPMP), chargé de coordonner les actions concernant la gestion de l’eau et de la biodiversité.
La maîtrise de l’urbanisation et l’adaptation de pratiques agricoles compatibles au bon fonctionnement de ces milieux humides ne peuvent être garantis par de simples mesures d’animation, alors que les intérêts divergents continueront à s’affronter sans cadre précis. Une approche interrégionale de l’aménagement de cette mosaïque de 100 000 ha de zones humides ne peut être résumée à une promotion touristique d’ailleurs déjà acquise.
Les associations de protection de la nature et de l’environnement avaient aussi critiqué la méthode employée pour s’assurer l’adhésion de la quasi-totalité des collectivités territoriales et de celle des chambres d’agriculture des Deux-Sèvres, de la Charente maritime et de la Vendée. Elles regrettent de n'avoir pas été associées à l'élaboration de la charte.
Si le personnel du syndicat mixte du PIMP pourra trouver dans la labellisation la reconnaissance du travail accompli dans des conditions souvent difficiles, nous devons rappeler que considérer l'obtention du label comme un aboutissement serait une erreur. Il doit s’agir au contraire d’un démarrage. Pendant la période de 12 années qui va s’ouvrir (c’est la durée de validité du label), le syndicat mixte du Parc devra démontrer qu’il a la volonté et la capacité de remplir les missions d’un PNR, avec le niveau d’ambition correspondant.
La formulation finale de l’avis du ministère et de l’administration n’est pas encore connue. Elle sera probablement accompagnée de sérieuses recommandations, lesquelles contribueront à « borner » le chemin à suivre.
Pour leur part, la Coordination pour la défense du Marais Poitevin et les associations de protection de la nature et de l’environnement resteront vigilantes ; sans oublier que la priorité reste la consolidation de l’EPMP, encore trop exposé à des critiques convergentes issues de tous les azimuts : preuve par l’absurde de sa pertinence, sur ce territoire bien loin d’être ‘pacifié’.