Le Marais Poitevin, un espace en crise |
Communiqués de presse de la Coordination pour la défense du Marais Poitevin
Chantiers
illégaux de drainage dans le marais poitevin :
la police de l'eau est défaillante
Ce mercredi 3 septembre 2003, le Conseil des Ministres examinait un projet de loi relatif au développement des territoires ruraux, et annonçait dans ce cadre des mesures de renforcement de la protection des zones humides. Dans le même temps, la loi sur l'eau est gravement bafouée dans le Marais Poitevin : dans plusieurs communes vendéennes du marais, des drainages de parcelles agricoles sont entrepris depuis plusieurs jours sans la moindre autorisation administrative, et en totale contravention de la législation en vigueur.
Le préfet de la Vendée, averti de cet état de fait, a certes fait cesser certains chantiers, mais d'autres continuent à se réaliser de manière « sauvage », les pouvoirs publics tardant à réagir efficacement.
La logique du coup de force systématique et du « fait accompli » dont certains acteurs sont coutumiers porte gravement atteinte à la crédibilité de l'action des services de l'Etat. Elle paralyse toute évolution positive de la politique de l'eau, pourtant si nécessaire dans cette région du Marais Poitevin au contexte extrêmement sensible. Poursuivre ainsi dans la voie de l'assèchement général du Marais Poitevin, alors que chacun s'inquiète des effets d'une sécheresse prolongée, relève d'un aveuglement peu commun.
La Coordination pour la défense du Marais Poitevin s'indigne de cette situation, qui se caractérise à la fois par un mépris affiché de la légalité, et par un sentiment d'impunité chez les contrevenants. Leur attitude ne peut qu'être renforcée par la passivité des responsables de la police de l'eau dans le département. C'est pourquoi la Coordination réaffirme la nécessité de contrôles et le cas échéant de sanctions pour faire cesser ce trouble et garantir le respect de la loi.
D'une manière plus générale, il est urgent que les pouvoirs publics mettent en oeuvre l'indispensable harmonisation de la police de l'eau à l'échelle du Marais Poitevin et de son grand bassin versant.
Eau, tourisme et promenade...
Après un reportage de télévision (chaîne nationale et régionale) sur le manque d'eau et ses conséquences pour les professionnels du tourisme du Marais Poitevin, le Parc interrégional et les comités départementaux du tourisme de Deux-Sèvres, Vendée et Charente-Maritime ont cru devoir démentir dans un communiqué commun.
Selon ces organismes,
« la promenade en barque dans le Marais poitevin n'est absolument
pas remise en cause par les conditions actuelles ».
« La période d'étiage que
connaît le Marais est cette année renforcée par la
canicule de ces derniers jours. Cela se traduit par l'abaissement des
niveaux d'eau dans de rares secteurs en périphérie de la
Venise Verte ».
Que le Parc soutienne l'activité des
professionnels est sans nul doute une bonne chose. Qu'il le fasse en déniant à ce point le manque d'eau dramatique qui frappe le
marais et les milieux aquatiques
les plus sensibles, alors que des centaines de kilomètres de
fossés et de canaux sont à nouveau en assec, révèle le sens qu'il
donne à sa mission : quoiqu'il arrive,
pas de vagues !
Ce faisant, il renforce le poids prépondérant d'un tourisme de masse concentré sur 2
ou 3 communes au prix d'un cloisonnement
excessif du réseau hydraulique.
Pendant ce temps, le reste du marais peut bien mourir
de soif, privé d'une eau
en grande partie confisquée
par les maïsiculteurs des plaines bordières ; et le drainage agricole redémarrer en
bordure de la Baie de l'Aiguillon...
Prétendre soutenir un tourisme de découverte sans remettre aucunement en cause des types d’activités agricoles qui contribuent à la détérioration du marais, tel est le dilemme dans lequel les pouvoirs publics s’enferment année après année. Toujours à la poursuite de son label perdu de Parc Naturel Régional, le Parc interrégional nous mènera-t-il ainsi longtemps en bateau ?
Relance du
drainage dans le Marais Poitevin
La Coordination pour la défense du Marais
Poitevin dénonce des procédures
irrégulières et des dossiers bâclés
Cette situation soulève des difficultés de deux ordres :
D'autre part, aucune évaluation n'a été conduite des effets de chacune de ces opérations de drainage " en conjugaison avec d'autres plans ou projets " comme le prévoit la directive précitée. Pourtant, il s'agit bien d'une série d'opérations similaires et conjointes, basées sur des dossiers d'enquête dont le contenu est très comparable, et qui ont d'ailleurs tous eu pour auteur le même bureau d'études.
Globalement, l'ensemble des enquêtes aujourd'hui achevées couvre une superficie totale de 171 hectares, dans lesquels est donc prévue la pose de drains enterrés. Par l'ajout de 4 nouvelles pompes de relevage, la capacité d'évacuation des eaux augmenterait de plus de 700 m3/heure ; le tout, doit-on rappeler, dans la périphérie immédiate de la Baie de l'Aiguillon, à laquelle ces opérations sont toutes directement connectées via les émissaires du marais desséché.
On ne peut que souligner la gravité des anomalies relevées dans cette série de dossiers, et s'inquiéter des conséquences très négatives qui pourraient en résulter, qui plus est dans le contexte extrêmement sensible du Marais Poitevin.
De plus, la reconquête
de la qualité des eaux est l'un des enjeux majeur des
futurs S.A.G.E (1) concernant le Marais Poitevin, en particulier pour
protéger les activités
conchylicoles de la Baie de
l'Aiguillon. Or, le drainage
des parcelles agricoles a été identifié comme un facteur de risque en raison de sa
contribution au transfert des pollutions,
ce qui vient peser sur l'objectif d'amélioration qualitative.
Réaliser de tels projets alors que ces S.A.G.E sont en cours
d'élaboration, relèverait donc d'une logique du " fait accompli " tout
à fait inacceptable. Les résultats de la première
phase à peine achevée
(l'état des lieux) en seraient faussés, pendant que les phases
à venir s'en trouveraient encore plus fortement contraintes.
Répondant récemment à un
parlementaire, Mme la Secrétaire
d'Etat au développement durable insistait sur les
effets de ce type d'opérations, effets d'ordre " quantitatif ", mais aussi " qualitatif, tenant au transfert plus rapide des
substances polluantes tels les nitrates et les produits
phytosanitaires, sans oublier la suppression de zones humides dont
l'intérêt environnemental n'est plus à
démontrer. " Ce sont ces effets, concluait-elle, qui
justifient que ces opérations soient soumises " à un
régime d'autorisation préalable assortie d'une
enquête publique permettant de s'assurer de l'adéquation
du projet avec les intérêts environnementaux tout en
informant le public " (2) .
Ces propos sont de bon sens ; encore faut-il que la procédure ne soit pas vidée,
précisément, de tout son sens, et que l'administration ne
se satisfasse pas de dossiers
bâclés, ne respectant ni l'esprit ni même
la lettre de la réglementation en
vigueur. Il est scandaleux de prétendre faire
valider, sous couvert d'enquête publique,
un tel laxisme. Tenter de
" légaliser " ainsi des pratiques et des
procédures aussi peu conformes à l'intérêt général
relève tout simplement d'un détournement
d'une législation qui vise à assurer une " gestion équilibrée " de
la ressource en eau et " la
préservation des écosystèmes aquatiques, des sites
et des zones humides " (art. L. 211-1 du Code de
l'environnement).
L'inquiétude née de ces enquêtes publiques est d'autant plus justifiée que les projets concernés ne sont sans doute que des " ballons d'essai ", et que d'autres suivront prochainement. Arriver, par accumulation d'opérations individuelles, à 100% de drainage dans le marais desséché reste l'objectif de quelques acteurs locaux soucieux de " finir le travail " engagé dans les années 1980. C'est pourquoi la Coordination pour la défense du Marais Poitevin a décidé de saisir les pouvoirs publics de cette affaire, en leur demandant de répondre à la série de questions qu'elle soulève.
1. - S.A.G.E :
Schéma d'Aménagement et de Gestion des Eaux (Loi sur
l'eau du 3 janvier 1992).
2 - Assemblée nationale - Mardi 27
mai 2003 - Question orale - J.O. AN (CR) n° 49.
tél. +33 (0)6 84 61 65 41
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