Communiqué du 26.04.05 : L’eau, la pluie, l’irrigation…

L’eau, la pluie, l’irrigation…

Quels que soient les aléas climatiques, il est évident pour tous que la gestion des nappes phréatiques privilégie l’irrigation agricole estivale contre les autres usages : l’eau potable, ou les besoins des milieux aquatiques. Le tarissement précoce des sources autour du Marais et l’inversion dès le milieu de l’été du courant dans les canaux des zones périphériques (qui s’écoulent alors vers la Plaine) sont des preuves irréfutables.

Lors du dernier Comité de suivi des nappes du Sud-Vendée, nous avons pu néanmoins relever deux avancées significatives :

1- La prise en compte de l’irrigation du printemps

Jusqu’à cette année la gestion volumétrique ne démarrait qu’au 15 juin. Cela ne signifiait pas que l’irrigation démarrait à cette date, comme chacun le constatait, mais que les prélèvements antérieurs n’étaient pas comptabilisés.

Cependant, les canons à eau ayant fonctionné cette année encore dans la semaine précédant le 15 avril, les volumes correspondants à cette période ne seront donc pas pris en compte.

2- Les seuils d’alerte ont été généralisés sur les trois secteurs, et un second seuil d’alerte a été institué sur le bassin de l’Autize [voir les définitions des différents seuils et cotes dans l’encadré plus bas].

Rappelons cependant que le principe d’un système d’alerte à deux seuils avant la prescription d’arrêt total est généralisé dans les départements voisins (Bassin versant du Marais Poitevin) ; et que ces seuils d’alerte restent de toute façon beaucoup trop bas, en rapport avec un seuil d’arrêt total lui-même si bas qu’il a fort peu de chance d’être atteint, avec ou sans restrictions préalables !

A titre indicatif, la différence entre le niveau des seuils actuels et les cotes d’équilibre des nappes au droit du marais est de 2,50 m à 2,90 m selon les secteurs. Sait-on que toutes les cotes d’arrêt actuelles sont placées sous le niveau moyen de la mer ?

Organiser la gestion de la nappe phréatique nécessite d’éviter tout risque d’inversion de courant dans les zones périphériques du Marais. Cela signifie techniquement qu’il ne faut pas que le niveau des nappes descende sous le niveau contractuel des fossés du Marais. Cet état d’équilibre de la nappe phréatique est une donnée bien connue des hydrogéologues.

Sur la base de ce critère simple, il est possible de définir, par les trois points qui suivent, un protocole vraiment protecteur de la ressource en eau, des milieux aquatiques et du Marais

1- Les seuils d’arrêt total de prélèvement, et en conséquence, les seuils d’alerte préalables, doivent être remontés de manière déterminante.

Ce relèvement est un impératif, qui ne saurait être conditionné à la création de ressources supplémentaires (les retenues dites de substitution). La sorte de chantage à laquelle se livrent les irrigants sur ce point est d’autant plus choquante que ces aménagements sont totalement financés par la collectivité. Sur le bassin de l’Autize, par exemple, plus de 10 millions d’euros bénéficieraient à pas plus de 120 irrigants).

S’il est indispensable d’accompagner financièrement une évolution des pratiques agricoles vers des systèmes mieux adaptés à nos terres et nos climats, cette fuite en avant n’est pas la réponse la plus durable.

2- Les volumes attribués (les « quotas ») – calés dans un premier temps sur l’historique de consommation de chaque exploitant -, doivent, dans les 3 ans, évoluer vers les volumes réellement disponibles. Ceux-ci sont à calculer en fonction de nouveaux seuils fixés non plus en fonction des besoins définis par les seuls irrigants, mais en tenant compte de la réalité des ressources hydrogéologiques.

3- Le fonctionnement du comité de suivi des nappes doit être revu.

Actuellement, ce comité ne se réunit qu’une fois par an, quand le dispositif est bouclé !

Il devrait se réunir au moins trois fois par an pour un bilan de l’étiage passé, la préparation de la saison à venir et un état des lieux intermédiaire.

Ce comité doit être plus représentatif. A l’instar de ce qui se passe ailleurs et pour ne pas être une simple chambre d’enregistrement, il aurait tout à gagner à s’élargir à la gestion de l’eau tous usages confondus et à l’ensemble du département , et à s’ouvrir à tous les représentants d’usagers, consommateurs inclus.

Ce communiqué est co-signé par le Coordination pour la défense du Marais Poitevin et la LPO Vendée.

Seuils d’alerte et cotes

Une circulaire de mars 2005 organise des pratiques jusque là extrêmement différentes d’un département à l’autre. Cette réglementation prévoit la fixation de trois, voire quatre niveaux successifs d’alerte et de limitation des usages de l’eau

Un premier seuil de vigilance et d’information

» » Déclenche des mesures de communication et de sensibilisation du grand public
» » Seuil absent en Vendée.

  • Un seuil ‘d’alerte 1’ : correspond au niveau de nappe (ou au débit d’une rivière) en-dessous duquel la coexistence de tous les usages et le bon fonctionnement du milieu aquatique ne sont plus assurés.

» » Déclenche les premières mesures de restriction d’usages et de prélèvement.
» »Ce seuil est généralisé aux trois secteurs des nappes sud-vendéennes.

  • Un seuil ‘d’alerte 2’ :

» » Renforcement des mesures de restriction de prélèvement.
» » En Sud-Vendée : application uniquement sur le secteur de l’Autize.

  • Un seuil d’arrêt total : correspond au niveau de nappe (ou au débit d’une rivière) en-dessous duquel sont mis en péril l’alimentation en l’eau potable et la survie des espèces présentes dans le milieu.

» » Restrictions maximum des prélèvements domestiques et industriels, et interdiction des prélèvements à des fins agricoles.

La cote d’équilibre de la nappe d’alimentation du Marais Poitevin est celle en dessous de laquelle apparaissent des phénomènes d’inversion des courants : la nappe descend à un niveau inférieur à celui des fossés du marais, la circulation de l’eau s’inverse alors pour aller du marais vers la nappe.

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Communiqué du 25.02.05 : Les collectivités veulent-elles d’un Parc naturel régional de plein exercice ?

Les collectivités veulent-elles d’un Parc naturel régional de plein exercice ?

La décision de la Communauté d’agglomération de Niort (CAN) de se doter d’un incinérateur d’ordures ménagères et de l’implanter à Coulon (Deux-Sèvres) provoque de vives réactions dans la population. Le « moratoire » annoncé depuis par la CAN ne calmera peut-être pas les inquiétudes des riverains.

La Coordination pour la défense du Marais Poitevin exprime son soutien au collectif pour l’alternative à l’incinération. Elle le fait en lien avec l’association Deux-Sèvres Nature Environnement, co-fondatrice et co-animatrice de ce collectif, adhérente de la Coordination, et engagée de longue date dans la protection de l’environnement, dans la lutte contre les pollutions, et bien sûr dans la recherche de réponses cohérentes aux problèmes que pose la gestion de nos déchets.

Quant à la majorité du Conseil général de la Vendée, qui vient d’écarter le recours à l’incinération dans le traitement des ordures ménagères de ce département, elle a manifesté son intention de conditionner son adhésion à la relabellisation du Marais Poitevin au retrait du projet d’incinérateur à Coulon. Certains conseils municipaux pourraient être tentés de lui emboîter le pas.

Jusque là peu enthousiasmée par cette démarche de relabellisation pilotée par Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, et par Jacques Auxiette, son homologue en Pays de la Loire, la majorité du Conseil général de la Vendée voudrait-elle désormais s’afficher comme le plus exigeant de ses promoteurs ?

Il est pour le moins étonnant de voir certains conseillers généraux procéder au renversement d’arguments qui jusqu’alors ont constamment contribué à motiver l’opposition de la Vendée au Parc :

- l’existence d’un site Natura 2000 (1) deviendrait ainsi un argument positif, à utiliser comme repoussoir de l’incinérateur ; qu’importe que Natura 2000 ait été continûment et très violemment diabolisé sur le mode : « on veut interdire toute activité, les collectivités ne pourront réaliser aucun de leurs projets  » !
- de même, l’implantation des services du Parc à Coulon (naguère encore preuve de « l’hégémonisme » picto-charentais sur le territoire) ferait désormais de cette localité « une commune symbolique » de l’unité maraîchine et de la dimension écologique du marais…

Au-delà de ces nouvelles gesticulations, la question est plutôt de savoir quelle place et quel rôle effectif les collectivités entendent donner à ce Parc, dans un territoire où chacun a encore trop tendance à tirer à hue et à dia…, voire à promouvoir, en terme de développement local, tout et son contraire.
Le Conseil général de la Vendée est-il prêt à accepter, de bon gré et de bonne foi, que ses propres approches et ses projets soient soumis à l’avis d’un Parc naturel régional de plein exercice, qui serait le garant d’un aménagement du territoire s’appuyant sur le respect des milieux naturels ? Ou ne montre-t-il pas plutôt qu’il fait le choix tactique d’ « investir » son opposition au Parc sur tout ce qui se présente (le sujet de l’incinérateur aujourd’hui, une autre occasion demain…) ?


(1) Par ailleurs, la méconnaissance des réalités liées à Natura 2000 conduit à amalgamer à tort deux sites bien différents dans leurs périmètres et quant aux enjeux qui ont en motivé la désignation : le site du Marais Poitevin, pour lequel les communes de Benet et Coulon sont concernées uniquement pour leur partie « marais » , et le site de la Plaine de Niort-Ouest. Le projet d’incinérateur est situé sur ce dernier périmètre. Comme son nom l’indique, celui-ci comprend (pour 88% de sa superficie) les terres cultivées de la plaine, dans un plateau calcaire qui est l’une des huit zones à Outarde canepetière retenues pour une désignation en ZPS en région Poitou-Charentes. L’Outarde canepetière et les 18 autres espèces d’oiseaux à protéger sur ce site ont été sévèrement touchées par les remembrements successifs, dont le dernier consécutif à la réalisation de l’autoroute Fontenay-Niort. Aujourd’hui, ces espèces sont d’abord et avant tout menacées par les pratiques agricoles intensives (notamment la faible diversification des cultures et l’emploi de pesticides…).

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Communiqué du 10.11.04 : Politique de l’eau en Vendée

Politique de l’eau en Vendée : quels choix pour demain ?

Le Conseil Syndical de VENDEE EAU vient de décider de la construction d’un nouveau barrage sur l’Auzance pour garantir la fourniture d’eau potable au département dans les prochaines années. L’eau potable consommée en Vendée provient déjà pour une part de 90 % de l’eau superficielle contre 40 % seulement en moyenne en France, et l’on voudrait encore l’accroître.

La Vendée n’est pas le Sahel

Il n’y manque pas d’eau comme on veut nous le faire accroire. Par exemple, le volume d’eau souterraine dans le socle granitique de La Roche-sur-Yon est estimé, selon le B.R.G.M., à 600 Millions de m3 (Mm3). Même si nous savons que ce volume n’est que partiellement mobilisable et qu’il est plus difficilement accessible que pour les eaux souterraines sédimentaires du Sud-Vendée, pourquoi n’y aurait-il que 3,6 Mm 3 d’exploitables ? De plus, ne sont pas prises en compte les deux autres zones du département potentiellement favorables.
Par ailleurs, pourquoi ne pas envisager de reconsidérer l’exploitation de ces nappes sud-vendéennes en engageant un ambitieux programme de reconquête de leur qualité : en 2003, plus de 23 Mm3 de ces eaux souterraines ont été consommés par l’irrigation estivale au détriment d’une part de l’eau potable potentielle et d’autre part du soutien du Marais poitevin qui, tous les étés, se vide dans ses nappes surexploitées.

La politique du tout barrage décidée dans les années 1950 pour alimenter en eau la Vendée entraîne deux inconvénients majeurs : un déséquilibre écologique sur les milieux naturels aquatiques et un coût élevé payé par les petits usagers de l’eau comme le montre le tableau ci-après.

Charente maritime Deux-Sèvres Maine-et-Loire Loire-Atlantique Vendée
Pourcentage en eau superficielle 33% 36 % 38 % 58,4 % 90 %
Prix du m3 en eau potable HT 1,29 1,41 1,43 1,51 1,90

De plus, le volume d’eau des retenues sur les rivières doit être ajusté au printemps au regard de deux besoins contradictoires : servir de tampon en cas de crues et présenter un niveau maximum avant la saison estivale.
Les eaux souterraines, quant à elles, n’ont pas ces inconvénients, ne subissent pas de pertes par évaporation et, quand elles sont protégées, elles ne nécessitent pas de traitement coûteux car, filtrées par le sol, elles sont de bien meilleure qualité que les eaux de surface.

Des alternatives existent

Les besoins en eau de la Vendée ont augmenté ces dix dernières années de 5 Mm3 . Il s’agit dès lors de prévoir une augmentation équivalente à l’horizon 2015, et aussi des réserves suffisantes pour faire face à une demande supplémentaire en cas de déficit pluviométrique en été. L’accroissement de ces besoins peut être satisfait par au moins quatre types de solutions :

1 – En priorité

  • le développement de la production d’eau souterraine qui peut atteindre plus de 10 Mm3. Il doit être accompagné de politiques de protection plus volontaristes : périmètres de protection et généralisation des opérations “Bassins Versants” afin de maîtriser la pollution diffuse.

2 – En second lieu

  • l’utilisation d’eau de surface rend l’exploitation plus coûteuse mais aussi moins sûre. C’est pourquoi la sécurisation de la production pourrait être assurée par :
    • l’alimentation du Nord du département par l’eau des nappes alluviales en provenance du lit de la Loire ( une canalisation existe déjà ) ;
    • l’utilisation des retenues de certains barrages, comme celui de Mervent dont la liaison avec l’Ouest du département reste à réaliser ;
    • la mise en service de réserves d’eau dans les carrières désaffectées à l’instar de l’eau stockée dans la carrière des Coux à La Roche-sur-Yon qui va pouvoir suppléer de 1 Mm3 le barrage du Moulin Papon. Pourquoi cette proposition n’a-t-elle pas été chiffrée dans le rapport ?

La solution proposée par le Conseil Général de dessalement de l’eau de mer, à l’instar de ce qui est fait au Moyen-Orient, paraît être du domaine du gadget dont on n’a mesuré ni le coût d’installation ni celui du fonctionnement incluant le traitement des déchets générés. A l’extrême rigueur, cette alternative ne serait envisageable que dans le cas particulier de l’Ile d’Yeu, éloignée du continent. Dans une perspective de développement durable, sa faisabilité doit alors être couplée avec un programme d’énergie renouvelable susceptible de rendre le projet autonome.

Mais les besoins vont-ils continuer à augmenter ?

On pourrait aussi se poser la question. La consommation moyenne des Français est de 170 l par jour, celle des Américains de 700 l, nous dit-on, tandis que des millions d’Africains doivent se contenter de 40 l. Certes l’usager doit apprendre à ne pas gaspiller une ressource qui se raréfie en réparant les fuites de son installation et en ne laissant pas couler inconsidérément les robinets. Le distributeur aussi grâce à un meilleur entretien du réseau en réparant les fuites le plus tôt possible et en évitant les gâchis provoqués par les ruptures de canalisation lors des travaux sur la voie publique. Mais il faut aussi considérer les besoins au niveau de chaque secteur socio-économique : industrie, agriculture et ménages.

Pour alimenter les milliers d’hectares de maïs, plante tropicale qui a des besoins hydriques importants pendant la période sèche, les agriculteurs puisent allègrement dans toutes les ressources accessibles : forages dans les nappes souterraines de la plaine, pompage dans les cours d’eau, ou interception de ruissellement par des retenues collinaires dans le bocage. 4,7 Mm3 d’eau en provenance des barrages sont prélevés aujourd’hui pour l’irrigation des cultures. Et il faut encore ajouter à cela les volumes affectés au soutien d’étiage pour pallier l’épuisement accéléré des nappes en Sud-Vendée. L’Agriculture consomme à elle seule autant d’eau que les autres secteurs du département.

Or, cette eau d’irrigation disparaît à 85 % en évaporation et dans l’alimentation des céréales, alors que celle utilisée par l’industrie et la population retourne, pour la plus grande partie et après traitement, à la rivière.

Une gestion de l’eau inéquitable

La Politique Agricole Commune (PAC) et les priorités opérées pour son application au plan national favorisent ce type de culture en les subventionnant à outrance ; alors même qu’elles contribuent largement à dégrader les ressources en eau potable par les excès d’amendement en azote et en produits phytosanitaires qu’elles utilisent, pollution dont le coût des traitements retombe sur le dos des petits usagers de l’eau. Il est donc indispensable d’orienter les aides agricoles avec la volonté de préserver la nature et de partager plus équitablement la ressource en eau.

La Chambre d’Agriculture réclame aussi la construction de nouveaux barrages pour satisfaire les besoins de l’irrigation de préférence évidemment aux captages d’eau pour lesquels la loi impose des contraintes aux agriculteurs en vue de protéger la ressource contre la pollution diffuse. En outre, la profession agricole préconise d’augmenter encore les réserves en eau superficielle sur le secteur de la plaine sud-vendéenne par des retenues bâchées fort coûteuses en argent public.

Conclusion

Appuyée par une sous-estimation des moyens d’approvisionnement, en particulier des ressources souterraines et sans remise en cause de la surexploitation due aux pratiques de l’irrigation intensive, la construction d’une retenue préconisée par la société Hydratec semble apparaître aujourd’hui comme un impératif incontournable. Ce n’était pas le cas dans l’étude réalisée sur le même sujet cinq ans auparavant par le cabinet S.C.E. Y-a-t-il une mauvaise et une bonne expertise, la bonne étant celle qui va dans le sens voulu par les décideurs ? Tout se passe en effet comme si les choix proposés par le Conseil Général tendaient à privilégier l’intérêt de deux secteurs économiques, celui de l’Agriculture intensive et aussi celui des multinationales qui construisent ces barrages et entretiennent les usines de traitement de l’eau, et ceci aux dépens de l’intérêt général de la population.

C’est cette politique de l’eau que nos associations dénoncent

- La facture d’eau est imbuvable
- Coordination pour la défense du Marais Poitevin
- E.P.L.U.V. (association des usagers de la distribution de l’eau potable de Luçon)

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Un projet à la naissance laborieuse

[révisé le 28 décembre 2003]
La recherche d’une amélioration de la liaison routière entre les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime a connu plusieurs avatars, toujours considérés comme des maillons de la « *Route des Estuaires ».

Dans un premier temps, il avait été envisagé d’aménager la R.N.137 entre Sainte-Hermine et La Rochelle.

Une évaluation de ce projet conduisit aux conclusions suivantes :
Un aménagement de la R.N. 137 entre Sainte-Hermine et Marans présenterait toutes sortes d’inconvénients rédhibitoires, compte tenu à la fois des caractéristiques géométriques de la voie, des zones écologiquement sensibles traversées, et des zones urbanisées à dévier.

Ce constat conduisit les autorités à rechercher un tracé neuf plus à l’Ouest : ce fut le projet d’une G.L.A.T. – Grande Liaison d’Aménagement du Territoire – (en 2 x 2 voies) Sainte-Hermine – La Rochelle.
Le tracé envisagé traversait le Marais Poitevin sur plus de 20 km, des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (Z.N.I.E.F.F.) sur plus de 9 km, et des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (Z.I.C.O.) sur plus de 17 km.
Incompatible avec la préservation de l’environnement, ce projet dut être abandonné…

(… avant que les conseils généraux de Charente- Maritime et de Vendée ne le reprennent à leur propre compte !)

Le 25 octobre 1994, les ministres de l’Equipement (M. B. Bosson) et de l’Environnement (M. M. Barnier) annonçaient leur décision d’abandonner le projet de G.L.A.T. Sainte-Hermine – La Rochelle, et de mettre à l’étude une liaison autoroutière Fontenay-le-Comte – La Rochelle – Rochefort (A831).

En application de cette décision, une « consultation » a été organisée en 1997, devant conduire à la définition du fuseau des 1 000 m.

Cette consultation a soulevé les critiques des associations de défense de l’environnement, ainsi que des associations de riverains, sur des raisons de forme et de fond.

Le point de vue de la Coordination : une parodie de concertation (octobre 1997).

Le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement a pour sa part demandé que des études d’alternatives soient réalisées, notamment dans une perspective multimodale.

La lettre de Dominique VOYNET, ministre de l’Aménagement du territoire et de l’environnement.
(17 février 1998)

En juillet 1999, une nouvelle phase de concertation a été ouverte, après présentation des études complémentaires commandées par le Ministère de l’Équipement, des Transports et du Logement.

Le point de vue de la Coordination :

Logique de financement contre besoins de transports
(Septembre1999)

La position de la L.P.O. (Ligue pour la Protection des Oiseaux)
(6 novembre 2000)

Constat de désaccord persistant entre les administrations de l’Équipement et de l’Environnement

Dans un courrier daté du 23 décembre 1999 et adressé à Maxime Bono, député-maire (P.S.) de La Rochelle, le Premier Ministre Lionel Jospin annonce que le projet de liaison Rochefort / La Rochelle / Fontenay-le-Comte sera inscrit dans le schéma des services collectifs de transports « sous la forme d’une autoroute concédée ».

Dans le cadre des travaux préparant ce schéma, Dominique VOYNET, ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement écrit le 4 avril 2000 à son collègue ministre de l’Équipement et des Transports, et lui rappelle les nombreuses réserves émises par ses services à l’encontre du projet d’autoroute A 831 :

  • « La décision de réaliser une infrastructure nouvelle me semble tout à fait prématurée et nécessite à tout le moins que soient poursuivies les études des solutions alternatives esquissées dans le dossier soumis à la concertation », écrit notamment la ministre.
  • Les difficultés non résolues que soulève le projet sont soulignées par ce courrier : l’étendue des zones inondables traversées, la fréquence et l’ampleur des crues, impliquent de retenir des solutions de transparence dont le coût sera vraisemblablement très élevé ; les impacts hydrogéologiques et ceux sur la ressource en eau, liés aux opérations de remembrement, doivent être appréciés.
  • Selon la ministre et ses services, « la décision de réaliser une infrastructure nouvelle supposerait que soient préalablement étudiées de manière approfondie les conditions de faisabilité technique et financière de cette dernière en cohérence avec les politiques de gestion des milieux qu’il convient de conduire sur les secteurs concernés ».

Le texte intégral de la lettre de Dominique Voynet


De son côté, Jean-Claude GAYSSOT, ministre de l’Équipement, interrogé par le journal Le Monde daté du 27 avril, reste sourd à tous les arguments qui lui ont été communiqués, tant par les associations que par le ministère de l’Environnement. Se gardant bien de répondre aux observations qui ont été émises, il en est réduit à proférer des contre-vérités !

« Concernant le dossier de l’A831 qui traverse en partie le marais poitevin, l’alternative est entre la modernisation de la route existante et la construction d’une nouvelle autoroute. La subvention publique sera moins lourde si on choisit l’autoroute. Et je suis économe des deniers publics. Il n’est pas certain que l’autoroute soit plus nocive pour les espaces naturels que l’agrandissement de l’axe existant ».

Limiter les traversées des milieux sensibles des marais Poitevin et de Rochefort.

Dans une lettre adressée aux préfets de la Charente-Maritime et de la Vendée (31/10/2000), le ministre de l’Équipement et des Transports Jean-Claude Gayssot souligne qu’en contre-partie du choix de la solution autoroutière, « il est important que les aménagements sur les routes nationales et départementales traversant les milieux sensibles des marais Poitevin et de Rochefort soient limités à de simples aménagements de sécurité et de protection des riverains. »

Suite : le fuseau des 1000 m …

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Le projet d’autoroute A831 (Fontenay-le-Comte / Rochefort)

  1. Un projet à la naissance laborieuse
  2. Le fuseau des 1000 m puis la bande des 300 m
  3. De l’enquête publique à la déclaration d’utilité publique

[article révisé le 28 décembre 2003]

La recherche d’une amélioration de la liaison routière entre les départements de la Vendée et de la Charente-Maritime a connu plusieurs avatars, toujours considérés comme des maillons de la « Route des Estuaires ».

Dans un premier temps, il avait été envisagé d’aménager la RN137 entre Sainte-Hermine et La Rochelle.

Une évaluation de ce projet conduisit aux conclusions suivantes :

  • Un aménagement de la RN137 entre Sainte-Hermine et Marans présenterait toutes sortes d’inconvénients rédhibitoires, compte tenu à la fois des caractéristiques géométriques de la voie, des zones écologiquement sensibles traversées, et des zones urbanisées à dévier.
  • Ce constat conduisit les autorités à rechercher un tracé neuf plus à l’Ouest : ce fut le projet d’une GLAT – Grande Liaison d’Aménagement du Territoire – (en 2×2 voies) Sainte-Hermine – La Rochelle.
    Le tracé envisagé traversait le Marais poitevin sur plus de 20 km, des Zones naturelles d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF) sur plus de 9 km, et des Zones importantes pour la conservation des oiseaux (ZICO) sur plus de 17 km.
    Incompatible avec la préservation de l’environnement, ce projet dut être abandonné…

(… avant que les conseils généraux de Charente-Maritime et de Vendée ne le reprennent à leur propre compte !)

Le 25 octobre 1994, les Ministres de l’Equipement (M. B. Bosson) et de l’Environnement (M. M. Barnier) annonçaient leur décision d’abandonner le projet de GLAT Sainte-Hermine – La Rochelle, et de mettre à l’étude une liaison autoroutière Fontenay-le-Comte – La Rochelle – Rochefort (A831).

En application de cette décision, une « consultation » a été organisée en 1997, devant conduire à la définition du fuseau des 1000 m.

Cette consultation a soulevé les critiques des associations de défense de l’environnement, ainsi que des associations de riverains, sur des raisons de forme et de fond.
Le point de vue de la Coordination : Projet d’autoroute A831 : une parodie de concertation (octobre 1997)

Le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’environnement a pour sa part demandé que des études d’alternatives soient réalisées, notamment dans une perspective multimodale.
La lettre de Dominique Voynet, Ministre de l’Aménagement du territoire et de l’environnement adressée à la Coordination (17/02/98)

En juillet 1999, une nouvelle phase de concertation a été ouverte, après présentation des études complémentaires commandées par le ministère de l’Equipement, des Transports et du Logement.

Le point de vue de la Coordination :

  • Logique de financement contre besoins de transports (Septembre 1999)
  • La position de la LPO (Ligue pour la Protection des Oiseaux) (06/11/00)

Constat de désaccord persistant entre les administrations de l’Équipement et de l’Environnement

Dans un courrier daté du 23 décembre 1999 et adressé à Maxime Bono, député-maire (PS) de La Rochelle, le Premier Ministre Lionel Jospin annonce que le projet de liaison Rochefort / La Rochelle / Fontenay-le-Comte sera inscrit dans le schéma des services collectifs de transports « sous la forme d’une autoroute concédée ».

Dans le cadre des travaux préparant ce schéma, Dominique Voynet, Ministre de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement écrit le 4 avril 2000 à son collègue Jean-Claude Gayssot, Ministre de l’Équipement et des Transports, et lui rappelle les nombreuses réserves émises par ses services à l’encontre du projet d’autoroute A831 :

  • « La décision de réaliser une infrastructure nouvelle me semble tout à fait prématurée et nécessite à tout le moins que soient poursuivies les études des solutions alternatives esquissées dans le dossier soumis à la concertation« , écrit notamment la Ministre.
  • Les difficultés non résolues que soulève le projet sont soulignées par ce courrier :
    • l’étendue des zones inondables traversées, la fréquence et l’ampleur des crues, impliquent de retenir des solutions de transparence dont le coût sera vraisemblablement très élevé ;
    • les impacts hydrogéologiques et ceux sur la ressource en eau, liés aux opérations de remembrement, doivent être appréciés.
  • Selon la Ministre et ses services, « la décision de réaliser une infrastructure nouvelle supposerait que soient préalablement étudiées de manière approfondie les conditions de faisabilité technique et financière de cette dernière en cohérence avec les politiques de gestion des milieux qu’il convient de conduire sur les secteurs concernés« .

Le texte intégral de la lettre de Dominique Voynet , adressée à Jean-Claude Gayssot (04/04/00).
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De son côté, Jean-Claude Gayssot, Ministre de l’Équipement, interrogé par le journal Le Monde daté du 27 avril, reste sourd à tous les arguments qui lui ont été communiqués, tant par les associations que par le ministère de l’Environnement. Se gardant bien de répondre aux observations qui ont été émises, il en est réduit à proférer des contre-vérités !

« Concernant le dossier de l’A831 qui traverse en partie le marais poitevin, l’alternative est entre la modernisation de la route existante et la construction d’une nouvelle autoroute. La subvention publique sera moins lourde si on choisit l’autoroute. Et je suis économe des deniers publics. Il n’est pas certain que l’autoroute soit plus nocive pour les espaces naturels que l’agrandissement de l’axe existant« .

Limiter les traversées des milieux sensibles des marais poitevins et de Rochefort

Dans une lettre adressée aux préfets de la Charente-Maritime et de la Vendée, le Ministre de l’Équipement et des Transports, Jean-Claude Gayssot souligne qu’en contre-partie du choix de la solution autoroutière, « il est important que les aménagements sur les routes nationales et départementales traversant les milieux sensibles des marais poitevins et de Rochefort soient limités à de simples aménagements de sécurité et de protection des riverains. »

Lettre de Jean-Claude Gayssot, adressée aux préfets (31/10/00).

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