Toute la Baie de l’Aiguillon en réserve naturelle
Publié au Journal Officiel du 4 juillet 1999, un décret du Premier Ministre accorde enfin le statut de réserve naturelle à la partie charentaise de la Baie de l’Aiguillon.
Après le classement de la partie vendéenne, intervenu en 1996, c’est donc l’ensemble de cette baie d’importance internationale pour la conservation des oiseaux d’eau, qui bénéficie désormais d’une mesure forte de protection.
Division territoriale, gestion séparée ?
Le choix opéré par l’administration de ne pas procéder à une simple extension du territoire de la réserve créée en 1996 n’en demeure pas moins très étonnant et sans doute regrettable.
Au lieu de cette solution de bon sens, deux décrets successifs créent chacun une réserve de la Baie de l’Aiguillon en respectant strictement les frontières départementales : la réserve côté Vendée, c’est le décret de 1996 ; côté Charente-Maritime, celui de 1999.
De ce seul fait, compétence est donnée aux deux préfets de procéder, chacun pour la partie de la Baie qui le concerne, à la désignation d’un gestionnaire et à la nomination d’un comité consultatif.
On ose espérer que le bon sens prévaudra, et qu’un seul et même gestionnaire sera, au bout du compte, désigné pour l’ensemble de la baie. De même, il apparaît hautement souhaitable que les deux comités consultatifs se rejoignent pour travailler de concert.
Mais en fait, ça n’est pas sûr du tout, tant l’administration française aime à faire perdurer les découpages anciens, si incohérents soient-ils…
Définir des objectifs élargis
Ce découpage ne doit pas faire oublier que la réalisation des objectifs de conservation des oiseaux d’eau suppose qu’un plan de gestion adapté soit établi, non seulement au niveau de la Baie elle-même, mais en prenant également en compte les zones complémentaires de l’intérieur des terres.
C’est ce qui ressort en tout cas d’une récente étude du CEBC (« Long-term changes in agricultural pratices and wildfowling in an internationally important wetland, and their effects on the guild of wintering ducks », P. P. DUNCAN & al. Journal of Applied Ecology, 1999, 36, 11-23 – CNRS Chizé), qui conclut, dans la perspective de la mise en place de la réserve naturelle, à la nécessité d’axer le futur plan de gestion autour des points suivants :
- sauvegarde et réhabilitation des prairies naturelles ;
- gestion des niveaux d’eau autorisant les crues en automne et en hiver ;
- réduction des perturbations dans les zones d’alimentation de l’avifaune.
Toutes les données aujourd’hui disponibles montrent que l’objectif de consolidation des populations d’oiseaux d’eau passe clairement, au delà de la création d’une réserve naturelle, par la mise en œuvre d’un vaste programme de réhabilitation de cette zone humide d’importance internationale qu’est le Marais poitevin.